A la découverte de l'Islande.
L’Islande, une île magique.
Par Raffaella Longoni
Reporté depuis un an, ce voyage a pu finalement se tenir du 5 au 16 septembre 2021.
Le récit de cette expérience sera inévitablement réducteur car décrire l’Islande est impossible.
L’été touche à sa fin et le vent qui pique à notre arrivée à Reykjavik nous rappelle qu’ici les saisons ont une autre dimension, un autre rythme et une autre valeur. Le vent véhicule un parfum délicieux de fruits de mer. Nous sommes 33, confiés à un excellent chauffeur de car et à un guide français de très haut niveau professionnel, littéralement amoureux de ce pays.
Sous la pluie et le vent, à travers un parcours sinueux, le périple commence.
Nous suivrons toute la route circulaire N° 1 en commençant par l’ouest. Nous traverserons des champs de lave vieux de millions d’années. Omniprésents, ces déserts accidentés noirs et gris sont recouverts d’une mousse aux mille déclinaisons de vert et en contournant le magnifique fijord des baleines nous arrivons dans la vallée de Borgarfjördur. A travers des gorges abruptes et noires, les cascades ouvrent le spectacle.
Nous abordons ensuite le nord de l’île pour contourner la péninsule qui débouche sur le plus long fjord du pays : Eyafjördur. Tout brille sous un soleil blanc et froid. Le paysage est pointillé par des fermes isolées ci et là, flanquées par de minuscules églises, des plaines vertes qui finissent dans la mer avec d’innombrables moutons (dont plusieurs noirs) placidement endormis, des vaches et de magnifiques chevaux d’élevage, en totale liberté.
Vers les fjords de l’est, le paysage alterne une impressionnante palette de couleurs avec les rivières, les lacs, les montagnes, les champs de lave, les bouillonnantes soufrières et les cascades, comme l’immense et troublante chute de Dettifoss à l’eau grise, où le bruit assourdissant des flots domine un paysage d’enfer.
Nous changeons de région et abordons une côte entaillée par de profonds et étroits fjords, avec une halte émouvante : le village des pêcheurs français, Fàskrudfjõrdur. Partis des côtes nord de la France (mais aussi de Belgique), pendant près de 400 ans depuis le 16ème siècle et jusqu’à la première guerre mondiale, ces émigrés de la mer ont pêché la morue dans les eaux islandaises, dans des conditions de vie épouvantables. Parmi eux, 5000 ont péri en mer, d’autres ont été emportés par la maladie. Dans ce village où toutes les inscriptions sont bilingues français – islandais, un minuscule cimetière marin héberge 49 tombes : les épitaphes sont en français, les noms sont presque tous Bretons…
Nous enchaînons vers le sud et si le spectacle change constamment il offre toutefois une constante : une nature imposante qui nous subjugue. Mais c’est une beauté en péril dont nous percevons la fragilité qu’offre le superbe fjord de Jokulsralon. Des blocs de glace se détachent du glacier Vatnajökull, dérivent sur le lac et rejoignent la mer. Sous une pluie glacée, nous naviguons à bord d’un bateau amphibie à travers ces icebergs blancs qui arborent des nuances turquoise, bleues, jaunes et noires et parmi lesquels jonglent des phoques. Hélas, les icebergs étaient bien plus imposants par le passé...
Le voyage continue et dans un décor de fumée et de sources bouillonnantes surgit le surprenant geyser de Strokkur, suivi en cours de route par la gigantesque, émouvante cascade de Gullfoss. Mais la grande faille due à l’écartement tectonique des plaques continentales eurasiennes et américaine, à Thingvellir, nous coupe le souffle : ici, dans ce décor violent et extrême se tenaient les réunions du premier parlement au monde, établi par les Vikings en 930 !
Avec les délices de l’eau laiteuse et chaude du Blue Lagoon, le voyage s’achève.
Jeudi avant l’aube nous partons. Le volcan proche s’est réveillé la veille et nous apercevons la lave rouge qui fend la nuit noire, sur la route vers l’aéroport.
Les Islandais sont des lecteurs assidus, fiers de leurs sagas, ces poèmes épiques des Vikings qui remontent au 13ème siècle. Leur littérature contemporaine, riche et intéressante, compte un prix Nobel, décerné en 1955 à Halldor Laxness.
Mais il n’y a pas de cathédrales anciennes, pas de palais grandioses, pas de monuments historiques ou de grands musées d’art en Islande. Ils n’auraient pas leur place ici car la nature a monopolisé excellemment tous les talents des peintres, des sculpteurs et des musiciens et ses spectacles, tantôt dantesques, tantôt paradisiaques, sont toujours superbes et à nul autre pareils.
Quelques photos